26 juil. 2007

PETIT CARNET DE LA 4e DIMENSION

Absurde? vous avez dit absurde?...

- Vous êtes au travail, votre mari vous appelle et vous dit qu'il y a un problème avec votre fils. Vous le rejoignez et vous trouvez le petit hémiplégique et perdant peu à peu connaissance. En attendant que les pompiers arrivent, vous repartez faire les insulines de vos patients et allez réveiller vos collègues pour qu'elles prennent le relais...Vous êtes infirmière .
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- Vous êtes au soins intensifs de neuro depuis 2 heures après un transport en hélico; personnes n'est encore venu vous voir ou vous rassurer et lorsque vous aller trouver le chef de service vous vous faites engueuler car "il y a des patients dans un état plus critique."...
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- vous allez chercher l'oncologue ( la même qui vous avait anonçé le premier cancer de Lucas) jusqu'au sas des visites car on ne l'a pas laissée entrer dans le service : le personnel croyait que c'était une amie de la famille. Elle regarde le scanner de Carcassonne et vous annonce que votre fils a une tumeur cérébrale et un gros amas de sang dans son cerveau...
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- Vous êtes enfin dans un service de neuro-chirurgie depuis 2 jours et le neuro-chirurgien vous convoque parce qu'il n'arrive pas à faire entendre raison à la radiologue qui ne veut pas faire l'IRM car elle n'a pas eu le "bon" alors qu'il l'a donné en main propre à la secrétaire en disant que c'était urgent. Avoir l'avoir choquée en lui proposant de la payer, vous apprendrez plus tard que c'était la secrétaire qui s'était trompé de date en le marquant sur l'agenda...
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- vous apprenez que votre fils après avoir subit tout un tas d'examens multiples et variés est atteint, entre autre, d'un 2e cancer qui n'a rien à voir avec le 1er . Une possible anomalie ADn qui lui entraînerait des cancers pédiatriques...
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- Ce que préfére Lucas, c'est le contact avec les autres enfants et l'école. A cause de la maladie et des traitements il n'a plus le niveau correspondant à son âge. Au cours d'une hospitalisation en hémato, il veut aller dessiner avec les petits. La maîtresse hospitalière le refuse malgré votre insistance. Il est encore une fois rejeté et mis à l'écart...
Dessiner avec d'autres enfants;
faire partie d'un groupe d'enfants.
Pendant un moment, ne plus être malade...
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- Malgré le fait d'avoir été opéré, le risque vital de Lucas est en jeu et lorqu'un des chats de la maison meurt, vous vous en servez pour commencer le travail de deuil et l'approche de la mort possible... Lucas savait, il sentait, il a fait une crise de nerfs...
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- Hospitalisé une fois de plus en hémato, hémiplégique, Lucas attend nu, mouillé, en équilibre sur un tabouret après la douche que vous venez de lui donner, que "l'auxiliaire de puériculture" veuille bien s'activer pour refaire le lit et que vous puissiez enfin l'y sécher. Vous dites : " apparement la priorité, ici, c'est le lit!"
Elle n' accélère pas pour autant...
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Lucas est hémiplégique, il lui manque la moitié de son champ visuel, il n'arrive pas à se concentrer plus de 2 min, a vite mal à la tête, il a un âge mental d'un enfant de trois ans.
Sa marraine lui porte un sudoku électronique...
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-Vous faites appel à des magnétiseuses qui "opèrent" sur le corps éthérique de Lucas :
"-c'est bon, il est guérit, il n'a plus rien"...
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- Après la 3e intervention chirurgicale de l'année, vous regardez le compte rendu des radiologues sur le scanner de controle. Il y a des opacités déjà connue dont ils avaient oublier de parler aux cancéro (!) et d'autres images douteuses supléméntaires. Lorsque vous demandez à l'interne ce que c'est : "les radiologues pensent que c'est une reprise de la maladie" après 3 mois de la seule chimio possible, le seul traitement envisagable avait échoué !!! Verdict repris par un neuro le lendemain.
Vous le cachez à votre mari jusqu'a l'annonce officielle de la cancéro après l'IRM un mois après...
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- IRM au cours duquel Lucas s'est endormi épuisé par les autres examens de la journée est brutalement révéillé et secoué par une manipulatrice radio :
"- faites doucement il dort"
"- il dort! et béh, il a qu'a se révéiller!!"
Quelques heures après, vous apprendrez qu'il n'y a plus d'espoir thérapeutique...
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Votre fils a des crises d'épilepsie neuro-végétatives : Il vomit 2 à 10 fois par jour. Il a une sonde gastrique, ne peut plus s'alimenter et il vous dit : "maman, j'ai faim"...
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- Vous prenez contact avec les pompes funèbres pour organiser les funérailles de votre fils qui n'est pas encore décédé. Vous achetez une concession au cimetière, vous choisissez l'urne...
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- Vous profitez des soldes pour lui acheter des habits qu'il mettra pour son dernier voyage.
Vous dites merci à la caissière...
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- Votre fils est alité, en fin de vie à la maison. Il ressemble à un sapin de Noël tellement il a de guirlandes accrochées à son pauvre petit corps. Il ne peut plus uriner. Sa vessie ressemble à un ballon de beaudruche. L'équipe des soins palliatifs est là mais elle n'a pas le droit de faire de soins à domicile. Le médecin généraliste observe sans toucher votre enfant et dit :
"- bon, je m'en vais, je dois aller à la maison de retraite, vous me tenez au courant."
Vous le regardez partir, paniquée à l'idée d'un nouveau transport à l'hopital pour un sondage urinaire. Heureusement, le médecin des soins palliatif s'y refusa, tout en sachant être hors la loi et votre fils pût être libéré de 400 ml d'urine...
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- Votre fils a des crises d'épilepsie hallucinatoires.
L'infirmier libéral dont vous avez été obligé de subir la présence vous parle d'un patient à lui en fin de vie à qui un prêtre exorciste a libéré des hallucinations.
-"Lorsque quelqu'un est en fin de vie, le diable vient chatouiller les pieds et provoquer des hallucinations pour s'emparer de son âme..."
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- Votre fils a des crises d'épilepsie hallucinatoires.
Il ne vous reconnait pas et se débat de vous car vous lui faites peur...
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Votre mari entre dans la chambre et lucas dit " bonjour Monsieur" puis à vous : " vous savez, il est très gentil avec moi ce monsieur"...
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L'infirmière libérale n'arrive pas a avoir un comportement professionnel, veut absolument que Lucas la reconnaisse et l'embrasse. Tout ses lendemain de nuits blanches, elle le réveillera en claironnant :"Bonjour, c'est Thérèse !!!"
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- Pour lutter contre ces crises d'épilepsie, il y a un traitement par voie veineuse. L'infirmière libérale ne mit que le solvant (l'eau). Lorsque vous lui faites remarquer elle répond : "autant pour moi"...
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- L'infirmière libérale vous demande de lui expliquer comment fonctionne les machines...
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Lucas a beau être en train de mourir, la nature garde quand même ses droits. Les dents tombent. Lucas manque de l'avaler car il est semi conscient.
Thérèse Marquier, "infirmière" libérale lui déclare fièrement que la petite souris va passer !! Pour un enfant en pleine hallucinations, je ne crois pas que c'était vraiment aproprié !
Perdre les dents veut dire grandir. Il ne verra jamais sa nouvelle dent.
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- L'infirmière libérale raconte chez les autres patients et dans la salle d'attente du médecin généraliste ce qu'il se passe chez vous. Secret professionnel...
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L'équipe des soins palliatif et douleur ne comprend pas pourquoi vous êtes réfractaire à cette équipe d'infirmiers...
Il n'y en a pas d'autre. L'infirmière libérale de votre secteur : c'est vous...
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Au lieu d'utiliser votre énergie à partager les derniers moments de votre fils, la situation avec l'équipe infirmiers vous mine et vous pollue.
L'équipe de soins palliatifs de Carcassonne vous soutient et vous demande de tenir le coup...
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- On vous refuse le droit de garder votre fils à la maison jusqu'a son dernier soufle et la collègue de l'infirmier libéral avance même que de maintenir Lucas à la maison est : "non assistance à personne en danger"... (Le danger,
c'est elle)
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-Votre enfant hospitalisé, vous devez le protéger des agressions du corps médical "bien intentionné"...
(Ils ont reçu un courrier à part)
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- Votre enfant s'ettouffe.
Dans un dernier moment de refus vous aspirez encore une fois les sécrétions
bronchiques.
Vous dites à l'infirmière "mais il ne peut pas mourir comme ça!!"
Elle injecte un nouveau produit qui l'empêche de lutter contre l'inéductable.
Vous le regardez partir pendant 2 heures. 2 heures de lutte et de souffrances et lorsqu'enfin ça arrive vous êtes tellement soulagée qu'il ne souffre plus que vous êtes en état second pendant les semaines qui vont suivre...
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- Vous dressez la table et vous mettez 4 assiettes...
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- 15 jours après le décès, il y a un repas de famille avec les grands-parents, frères et soeurs. Vous pensez que c'est en mémoire de Lucas :
C'est en fait l'anniversaire de votre belle-soeur : gâteaux, bougies,
25 personnes,rires, cadeaux et oeufs de Pâques,
rien ne manque.
A part Lucas peut-être...
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- Après maintes pallabre avec les pompes funèbres, le granit perdu, les fournisseurs, les fabricants, vous pouvez espérer avoir un caveau pour votre enfant. Vous allez délimiter l'emplacement avec des cailloux avec votre fils cadet...
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- Le monsieur des pompes funèbres, amis d'enfance de votre père,vient seul 4 jours avant la date prévue de l'inhumation de l'urne contenant les cendres de Lucas. Pour activer les choses, vous participez à la mise en place du granit (200kg) et il vous dit :
"ça va, y a rien a jeter chez toi!" vous changez vite de sujet...
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- Enfin, après 4 mois après le décés de Lucas, vous déposez l'urne dans cet espace de béton et de granit et vous vous rappelez que ce sont les cendres du petit corps meurtri de
votre enfant...
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- Vous accompagnez votre fils cadet à l'école, vous voyez tous ses parents, tous ces copains. Vous souriez, racontez des blagues et sur le chemin du retour lorsqu'il n'y a plus personne que vous dans la voiture vous pleurez a n'en plus finir,
jusqu'a ce que ce soit à nouveau le moment d'aller rechercher Dorian et de
remettre le masque souriant et grimaçant...
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Vous racontez à votre collègue "infirmière" le parcours de Lucas et elle ose vous dire qu'avec les malformations que Lucas avait à la naissance, c'est un enfant qui n'aurait pas du vivre et que vous n'auriez pas du mener cette grossesse à terme !

Je tiens à dire que malgré la santé difficile de Lucas et même son décés douloureux, je suis heureuse d'avoir fait un bout de chemin avec lui, même s'il était plein de cailloux.
Le peu de temps qu'il nous a été accordé était déjà un beau cadeau que d'autres ne seraient pas en état d'apprécier.
La bêtise humaine m'étonnera toujours.

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Vous vous faites pirater votre blog et il y a un virus qui peut accéder aux comptes bancaires des visiteurs. Le lien avec votre fils décédé à été sali . A un moment donné, ce qui servait à faire connaitre et vivre votre enfant s'est transformé en quelque chose de mauvais.

Heureusement que le problème a été vite résolu grace aux administrateurs et aux amis (merci Francis).
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Vous avez l'impression de parler d'un rêve lorsque vous dites qu'un jour vous avez été quatre et que vous étiez heureux. Est-ce que cela a vraiment existé avant ? Est-ce que vous n'avez pas toujours été trois ? Est-ce que c'est ça le deuil ? OUBLIER ? Oublier.... oubli....
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Vous reçevez encore des remboursements de soins au nom de Lucas sur les feuilles d'assurance maladie, pratiquement un an après son décès...
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Dorian a récupéré des vêtements de son grand frère (économie oblige) et à chaque fois que vous voyez l'étiquette "8 ans" vous pensez à Lucas...
Il reste encore rangés 2 cartons de "10 ans"...
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(La chronologie n'est pas toujours respectée : les souvenirs et les semaines se mélangent parfois)

17 commentaires:

Anonyme a dit…

ce masque que nosu portons en permanence, qui fait dire aux autres "oh tu as l'air d'aller mieux".. quelle connerie mais qui peux comprendre notre souffrance si ce n'est les parents désenfantés, personne...

je vous fais de gros bisous

bisous d'amour à nos amours

edwige maman de julien dcd un mois apres ses seize ans le 21 juin 2001

PEUT IMPORTE LE TEMPS QUI PASSE NOS AMOURS NOUS MANQUENT TELLEMNT

http://mmandelou.skyrock.com/
http://rabdomyosarcome.site.voila.fr/

Anonyme a dit…

jme suis trompé juju est parti le 21 juin 2002,
2001 c'est sa derniere annee de vie sans maladie, année ou l'avenir nous semblait merveilleux, derniere annee de bonheur...

bisous

ed

Anonyme a dit…

Je viens de lire votre histoire de mère "courage" oh oui il vous en a fallu et il vous en faudra malheuresement encore.... je vous admire et vous félicite de cette histoire qui nous fait réaliser à tous combien parfois la vie est injuste. simplement merci et bravo pour votre combat (pensées pour votre petit)

Gnark Sombre a dit…

J'ai eu mal au ventre en lisant ce petit carnet de la 4ème dimension... Certains sont vraiment inhumains, la vie est injuste :/

Anonyme a dit…

votre histoire est bouleversante et votre courage exemplaire... Lucas du haut de son nuage ne peut qu'être fier de ses parents. on sent tout l'amour que vous lui avez offert à travers vos propos, quelle force!!! Merci de partager votre intimité car comme vous l'espériez, elle nous fait prendre conscience de l'importance de la vie. Votre message est porteur... NON Lucas ne peut pas être parti pour rien!!!

Anonyme a dit…

Que d'absurdités encaissées que nous vivons dans le deuil de nos proches...
Quelle horrible réalité, que je partage avec vous.

Votre site est extrémement émouvant, mais empreint d'une immense sérénité dont Lucas peut être fier.

Je ne saurais pas vous souhaiter du courage, car le courage n'est nécessaire que pour faire face à la peur ... Vous avez, comme moi, le seul sentiment primordial pour faire face : l'Amour.

Un papa de 4 petits bouts d'amour marié à un Ange...

Béa a dit…

J’ai écris « Une petite histoire » mais ce n’est qu’une version édulcorée de ce qui c’est réellement passé, ce n’est que de la fiction. La véritable histoire de mon fils n’est pas à raconter aux petits enfants, ils en feraient des cauchemars ! Je pense et je souhaite que certains adultes aussi.
Vous pourriez dire que je suis une mère qui est en pleine souffrance après la terrible perte et en quête de réponses. Je suis simplement une mère qui ne craint plus de parler et de révéler les disfonctionnements d’un Centre Hospitalier Unniversitaire parmi les plus côtés de France ; je ne crains plus de heurter la susceptibilité de soit disant professionnels. La raison pour laquelle je ne l’ai pas fait auparavant était le risque de m’attirer l’inimitié du personnel « soignant » et provoquer une prise en charge plus inhumaine et de moins bonne qualité !
Il était une fois un petit garçon nommé Lucas dont le résumé de sa vie et surtout de sa fin de vie était SOUFFRANCE : physique, morale, indéniable. Ce n’est pas tant d’avoir assisté à son déclin physique, cette déchéance inexorable pendant une année mais celle indue par les autres, les blancs, les roses, les verts ou les bleus. Ceux et celles qui sont responsables de ses douleurs, des atteintes multiples et variées de son intégrité ; ceux et celles qui ont oubliés que c’était un petit garçon qui avait une histoire, son histoire.
Il était une fois un petit garçon nommé Lucas qui avait dans sa tête des tumeurs cérébrales et un kyste liquidien. Au lieu de drainer ce dernier de façon traditionnelle, l’équipe médicale décida d’utiliser un drain court à ponctionner manuellement, ponctuellement. N’oubliez pas que ceci correspond à un prélèvement de 20ml de LCR tout les 4 jours. Après la première, ils l’ont fait revenir dans sa chambre en marchant et un peu d’Efferalgan. Après les dernières, Lucas était prostré, sans larmes, abattu. Un enfant torturé au vu et aux sus de tout le monde.
Il était une fois un petit garçon nommé Lucas qui avait des crises d’épilepsie hallucinatoires et neuro végétatives. De ce fait, il ne savait pas qu’il était chez lui, il voyait des choses terrifiantes à toute heure du jour et de la nuit, était tout seul car il ne reconnaissait même pas ses propres parents, était obligé d’être alité pour une raison encore inconnue et vomissait 4 fois par jour. L’équipe médicale pensa, à juste titre, qu’un examen neuro s’imposait. Lucas, en pleine poussée d’hypertension intracrânienne, fit 160km vers l’hôpital des enfants. Le Neurologue réputé
ne fit pas 20m et prescrit par téléphone. Il n’y eut pas d’examen neurologique !
Il était une fois un petit garçon nommé Lucas qui voulait jouer au foot, aller à la piscine et au macDo (nuggets de poulet, frites et yocco) et à qui le dernier mois de sa vie des gens bien intentionnés lui ont fait subir 2h de torture sans sédation ( donc parfaitement conscient), sans Emla, sans MEOPA, sans Hypnovel, a 15 dans une chambre alors qu’il est d’usage que la pose d’une « Nouille » se fasse au bloc et sans résultat. La machine CHU s’était emballée pour une quête de résultat afin d’améliorer son confort et de préserver son capital veineux sachant que le médicament veinotoxique à la base de l’indication de cette voie était stoppé depuis la veille !! Ce n’est que 20 jours plus tard que Lucas a enfin eu une voie centrale fémorale après maintes voies périphériques. Ceux-ci, par les voies mystérieuses d’un fonctionnement de service, qui lorsque se mettaient à diffuser n’étaient changés que 12 à 24h après, de préférence la nuit. Ah ! les aléas de la tuyauterie récalcitrante ! Une sonde urinaire qui se bouche parce que le personnel n’a pas trouvé utile de continuer les lavages bi journaliers. À quoi bon ? C’est aussi mieux de s’en apercevoir la nuit et de la changer sans pommade anesthésiante après 3/4h de changement de cathéter veineux à 2h du matin !
Il était une fois un petit garçon nommé Lucas dont la sédation était tellement efficace que les médecins se sont demandés s’il était en coma pharmaceutique ou en coma dû a une atteinte bulbaire. L’équipe médicale pensa, à juste titre, qu’un examen neuro s’imposait (le dernier en date était de 6 mois auparavant). Un rendez-vous avec le Neurologue réputé fut pris pour le surlendemain. Il se trouve qu’encore une fois la voie périphérique de Lucas se mit à diffuser et ce dernier à se réveiller jusqu'à devenir parfaitement lucide la nuit lorsque l’anesthésiste vint le repiquer. Hélas, la machine CHU étant ce qu’elle est, le référent de l’équipe enfant-do ne pu arrêter le processus et réévaluer l’intérêt d’un examen qui n’avait plus lieu d’être : la preuve étant faite que sans sédation, le petit se réveillait. Et c’est alors que l’équipe du réseau douleur et moi-même furent témoin d’une violence, une agressivité, un non-respect, une atteinte fondamentale aux droits de l’enfant et notamment de l’enfant hospitalisé, une personne en fin de vie qui plus est. J’espère ne plus jamais revoir ça. Après 3 semaines passées dans le service, personne n’avait réussi à réveiller Lucas suffisamment pour le faire pleurer de douleur. Lui si. Que cet acte de barbarie l’ait suffisamment atteint pour que les jours qui ont suivis, Lucas lutte contre la sédation et ait craint chaque personne qui entrait dans son espace vital. Qui est le plus coupable ? Celui qui a fait ou celui qui a laissé faire ? Je me souviens de ce que m’a dit le médecin chef du réseau douleur suite à cet acte inexcusable : « Vous vous attendiez à quoi venant de lui, Vous connaissiez le personnage ! » Il est vrai que c’est ce personnage qui m’a annoncé la reprise de la maladie malgré la dernière chimiothérapie et donc le pronostic vital avant de repartir à sa consultation (un mois avant l’IRM de contrôle et l’annonce plus en rondeur par l’oncologue) .
Il était une fois un médecin spécialisé en tumeurs cérébrales de l’enfant, un peu malgré elle, et qui avait décidé de ne pas faire comme ses confrères a grosse tête, c'est-à-dire d’exercer une médecine humaine, humanisante et de prendre en considération l’Enfant, la Famille, la Vie, la Mort. Le dernier moment où Lucas fut respecté a été celui de sa dernière toilette avec elle. Les 3 jours qui ont suivis dans cet hôpital n’ont fait que ressembler au début du parcours : un manque total de considération.

Bien à votre remise en question

Anonyme a dit…

il y a même des "amies" qui ont émis le souhait de ne plus ête embêtées par cette histoire...

je n'ai plus de mots; que des maux...

Béa a dit…

en fait les termes exacts sont, je cite : " ça commence a bien faire ! Il faudrait qu'on arrête de nous faire chier avec cette histoire ! On peut pas oublier un peu !"
C'est une "amie" que je côtoie tout les jours...
Je doit même me battre contre ça.
A Ceux ou celles qui trouvait que mon blog était une représentation de mon aigreur.
Elle ne va pas tarder à arriver devant tant d'incompréhension !!!

Sandy et Guillaume a dit…

Juste un petit mot pour te dire qu'il y a aussi des amis que tu ne cotoies pas tous les jours et qui eux n'en auront jamais assez de t'entendre parler de Lucas. Alors ne te laisses jamais atteindre par ce genre de personnes qui finalement ne comprennent pas votre douleur et votre amour.
Enormes bizoux à vous trois et un torrent de pensées à Lucas...

A très très bientôt

Sandy et Guillaume

Unknown a dit…

J'ai pensé très fort à Lucas et à vous trois.
Il est génial ce blog, Béa, faut continuer!! Ca permet pour nous justement de ne pas oublier!Moi, je ne souhaite pas l'oublier ce petit bonhomme qui s'est battu et qui a résisté tant qu'il a pu! Quel courageux petit homme!!Comment peut-on vouloir oublier Lucas et son histoire. Que de gens bêtes et méchants sur cette terre....
Je vous embrasse bien fort!
Nath

Anonyme a dit…

Je croyais avoir déjà laissé un post sur ce "coup de gueule" ....Non Béa, non, jamais tu ne devra cesser de parler de lui, de vous, de votre famille décimée. Ceux qui ne veulent plus entendre ne méritent pas que l'on parlent d'eux....
Viens encore me conter ton amour de fils, me parler de ses passions, de cette maladie de m...qui a chaviré votre vie à tous...
Je serais là, Béa....
Isa

Anonyme a dit…

Petite pensée pour illustrer ce petit carnet :
"Si tous les cons portaient un lampion, alors, la terre serait un véritable soleil"
Bises
Nath

christophe a dit…

Inouïs, indécents, inhumains, inadmissibles et impardonnables : comment qualifier autrement les comportements, lâchetés et propos que vous rapportez.
Merci de le faire, cela pourra être utile à d'autres parents, pris en otages par ces "sachants" sans cœur. Votre fiston reste vivant dans votre cœur, celui de son papa, son frère, ses amis. Et également dans celui de ceux qui ne l'ont pas connu, mais sont touchés par son sourire, son courage, votre amour pour lui et votre sincérité.

Josselin a dit…

C’est ma première visite sur votre blog très émouvant.

L'histoire de Lucas est bouleversante. Tout ce que vous avez vécu tous les 4 est si triste. Il y a un point, sur lequel vous avez particulièrement raison, c'est de ne jamais regretter de lui avoir donné la vie, et de l'avoir accompagné jusqu'au bout dans l'amour d'une famille unie.

Ceux qui vous disent le contraire n'ont rien compris.

Nous avons vécu une histoire très différente en 2006 avec notre bébé Amandine. Au milieu de la grossesse (5 mois), une infection (CMV) a été détectée.

La pression familiale (du côté de la maman) a été terrible pour mettre fin à cette grossesse (IMG) alors que les médecins de plusieurs hôpitaux (Necker, Pitié Salpêtrière...) nous assurait qu'il y avait encore de l'espoir pour que tout aille bien.

On a décidé de lui donner une chance de vivre, même si cela présentait un risque. A tout moment, à chaque examen, évidemment, on pouvait nous apprendre de mauvaises nouvelles.

Mais on y a cru, car la vie d'un enfant, c'est tout. Amandine est mort-née le 24 août 2006. Nous avons pu la garder quelques heures avec nous, le temps de lui chanter quelques chansons douces, car nous voulions créer une petite histoire avec elle, même si courte.

La famille, du côté de la maman, est maintenant divisée, depuis 3 ans. Pour avoir voulu décider à notre place. Pour la maman, c'est terrible.

Personne n'est venu voir Edern à la maternité (né le 3 février 2008) et le grand frère, Audran (6 ans), a même définitivement zappé certaines personnes de la famille. Nous ne pardonnerons jamais.

La maman pleure toujours Amandine, que nous n’avons jamais pu border dans son lit. Et jamais nous ne laisserons quiconque venir nous dire aujourd'hui qu'elle ne méritait pas d'avoir une chance de vivre, même si beaucoup de doutes entouraient cette grossesse.

J'admire votre courage, n'ose imaginer votre douleur, car l’histoire de Lucas est la plus longue et la plus douloureuse que l’on puisse subir. Votre petit garçon sera toujours là dans votre cœur et dans celui de ceux qui l’ont connu et aimé. Il méritait de vivre. Il a eu la chance d’avoir des parents comme vous.

Bravo pour ce magnifique blog.

Je vous embrasse.

Josselin
78 - Marsinval

lety a dit…

je n'ai que quelques mots qui me viennent ... le cri du coeur
merci meme si c dur merci
douce pensées à Lucas et à vous sa famille

Anonyme a dit…

Bonjour, je suis une infirmière libérale tombée par hasard sur votre blog... J'en ai les larmes aux yeux... Quel courage, je ne suis pas sûre que si je perdais un enfant, je pourrais avoir autant de courage que vous... Ce qui me choque avant tout, c'est l'équipe médicale, et les "collègues" entre guillemets, car non ces gens là ne méritent pas d'être soignants, ils sont la honte de la profession !!!
Non vous n'êtes pas aigrie, ni revancharde comme certains ont semblé vous dire... Vous êtes simplement une maman révoltée par la connerie humaine... j'espère qu'à ce jour la douleur est moins forte pour vous et vos proches... Merci pour ce partage qui peut permettre de comprendre et agir en conséquences...